Page:Corréard, Savigny - Naufrage de la frégate La Méduse, 1821.djvu/294

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
289
CHAPITRE XIII.

que ce chef supérieur l’accueillit très-bien, le plaignit beaucoup et lui protesta que s’il n’avait pas été mieux soigné, ce n’était point sa faute. M. Chmaltz convint qu’il avait été le plus mal traité de tous les naufragés, chose qu’il savait depuis long-temps ; « mais, ajouta-t-il, « vos malheurs sont terminés, et désormais vous ne manquerez de rien. Je vous enverrai tous les jours de très-bonnes rations de riz, de viande, de bon vin et d’excellent pain : d’ailleurs sous peu je vous mettrai en pension chez M. Monbrun, où vous serez parfaitement. » Ces dernières promesses n’ont pas eu plus d’effet que les premières. Cependant un jour, dans un accès de fièvre, M. Corréard céda à l’idée d’envoyer son domestique porter au gouverneur un billet, dans lequel il demandait une bouteille de vin et une d’eau-de-vie : il reçut effectivement ce qu’il avait demandé ; mais revenu de son délire, il voulut renvoyer ces liqueurs ; cependant, après avoir réfléchi, il jugea que le procédé serait inconvenant, et il se décida à les garder. Voilà tout ce qu’il put obtenir des autorités françaises, en cinq mois de temps qu’il resta malade à Saint-Louis. Il est même probable qu’il serait revenu en France sans avoir coûté la moindre chose à son gouvernement, s’il ne lui était pas survenu cet accès de fièvre qui lui fit perdre la raison, et pendant lequel il fit cette demande, qui lui parut ensuite indiscrète et inopportune.

Le 23 ou le 24 novembre, il revit ses deux bienfaiteurs, le major Peddy et le capitaine Campbell ; ils