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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

temps, sur des embarcations d’une centaine de tonneaux environ et montés de quinze à vingt hommes d’équipage, en complétant leur cargaison avec une telle rapidité, qu’ils y mettent rarement plus d’un mois. Les pêcheurs de Marseille et de Baïonne pourraient tenter ces expéditions. Enfin, quel que soit le parti que l’on cherche aujourd’hui à tirer de ce golfe si poissonneux, on peut le considérer comme le vivier ou le banc de Terre Neuve africain, lequel pourra contribuer un jour à alimenter les ateliers de la Sénégambie, si les Européens parviennent à la mettre en rapport. Parmi les espèces de poissons qui s’y trouvent, il en est une qui lui paraît particulière ; c’est celle que l’on prenait à bord de la Méduse et qui forme l’objet principal de la pêche de ces parages. On en avait fait une description exacte, et M. Kummer l’avait soigneusement dessinée ; mais tout cela a été perdu avec la frégate. Tout ce qu’on se rappelle de cette description, c’est que ces poissons, qui ont de deux à trois pieds de long, sont du genre gade ou morue ; que leurs caractères ne les rapportent à aucune des espèces citées dans M. Lacépède, et qu’ils appartiennent à la section dans laquelle le merlan est placé.

D’où vient le nom d’Arguin ? qui l’a imposé à ce golfe ? En faisant attention à l’ardeur du soleil qu’on y éprouve, et au scintillement des dunes de sable qui en forment les côtes, on ne peut s’empêcher de remarquer qu’arguia, en phénicien, désigne ce qui est lumineux ou brillant, et qu’en celte, guin signifie ardent. Si ce