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CHAPITRE XV.

Marigot, jusqu’à l’embouchure de la Gambie, espace qui peut avoir environ cent lieues de longueur, sur une profondeur de plus de deux cents, on rencontre un vaste pays que les géographes nomment Sénégambie.

Remarquons cependant, avant d’aller plus loin, que nonobstant toute la stérilité des côtes de cette partie, elles ne sont pas sans importance par rapport à la fécondité de la mer qui les baigne. L’agriculture des eaux, comme l’a dit un naturaliste célèbre, promet trop d’avantages pour que les lieux propres à cette sorte d’exploitation ne soient pas remarqués. Cette partie de la mer connue sous le nom de golfe d’Arguin est surtout notable par l’immense quantité de poissons qui s’y rendent dans diverses saisons, ou qui habitent continuellement ces parages. Ce golfe, compris entre les caps Blanc et Mirick et la côte du Sahara, sur laquelle, outre l’île d’Arguin, jadis occupée, on en voit plusieurs autres à l’embouchure de ce que l’on appelle la rivière Saint-Jean, se trouve comme fermé au couchant dans toute son ouverture, par le banc qui porte son nom. Ce banc, qui rompt l’impétuosité des vagues soulevées par les vents du large, contribue, en assurant la tranquillité ordinaire des eaux, à en faire comme un lieu de retraite pour les poissons, en même temps qu’il devient ainsi favorable aux pêcheurs. C’est en effet de ce golfe que sortent toutes les salaisons qui font la principale nourriture des habitans des Canaries, et qu’ils viennent y faire tous les ans, au prin-