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CHAPITRE XV.

toujours fort dociles ; car les noirs se distinguent particulièrement par leurs bons traitemens envers tous les animaux. Leurs richesses consistent en terres et en bétail ; leurs demeures sont généralement en roseaux ; leurs lits sont de nattes d’arouman (maranta juncea), des peaux de léopards, et leurs vêtemens de larges bandes de toile de coton. Les femmes soignent les enfans, pilent le mil et apprêtent les alimens ; les hommes cultivent la terre, vont à la chasse et à la pêche ; tissent l’étoffe des vêtemens, vont à la recherche du morfil (ivoire), et font la récolte de la cire. La vengeance et la paresse semblent être les seuls vices de ce peuple ; ses vertus sont la charité, l’hospitalité, la sobriété et l’amour de leurs enfans. Les filles sont libertines, mais les femmes généralement chastes et attachées à leurs maris. Leurs infirmités sont, chez les enfans, des maladies vermineuses, des hernies ombilicales ; chez les vieillards et surtout parmi ceux qui ont beaucoup voyagé, la cécité et les ophthalmies, et pour les adultes, des affections de poitrine, des obstructions, parfois la lèpre et rarement l’éléphantiasis. Il n’y a dans toute la population de la presqu’île, qu’un seul bossu et deux ou trois boiteux. Pendant le jour on travaille ou on se repose ; mais la nuit est réservée pour la danse et la conversation. Dès que le soleil est couché, le tambourin se fait entendre, les femmes chantent ; toute la population s’agite, et l’amour et le bal mettent tout le monde en mouvement. L'Afrique danse toute la nuit, est une expression devenue prover-