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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

biale chez tous les Européens qui y ont voyagé.

« Il n’existe pas un atome de pierre à chaux dans toute la contrée. Presque toutes les plantes sont tortueuses et hérissées d’épines. Les monbins sont les seuls bois de charpente qu’on y rencontre. L’asperge aiguillonnée, A. retrofractus est partout répandue dans les bois ; elle déchire les vêtemens, et la centaurée d’Égypte pique les jambes. Les insectes les plus incommodes des environs sont des cousins, des punaises et des forficules. Le singe cynocéphale pille les moissons ; les vautours attaquent les animaux malades ; l’hyène rayée, des léopards, rodent pendant la nuit autour des villages ; mais le bétail y est superbe, le ciel toujours animé par une multitude d’oiseaux divers ; et les poissons font bouillonner et frémir la mer des rivages par leur quantité extraordinaire. Le lièvre du cap est commun, et la gazelle ordinaire se rencontre fréquemment. Les porcs-épics, au temps de la mue, répandent leurs aiguillons dans la campagne, et se creusent des terriers sous les palmiers. Les pintades, les tourterelles et les ramiers sont partout. Sur le bord des marais, on rencontre dans l’hyvernage des nuées immenses de pluviers dorés, armés et porte-lambeaux, ainsi que des canards et sarcelles. L’ombrette et l’échassier habitent les roseaux, tandis que sur les eaux se promènent majestueusement des multitudes d’oies armées et celles dont la tête est coiffée d’un tubercule charnu comme le casoar. Les filets de pêche sont en feuilles de dattier ; leur bord supérieur est armé, en