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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

invite le ministre à faire faire une enquête sur les points suivans, savoir :

  • 1o. Si le colonel commandant pour le Roi les établissemens français sur la côte occidentale d’Afrique, le sieur Chmaltz, n’est pas resté deux fois vingt-quatre heures en rade de Saint-Louis sans avertir le gouverneur anglais de la position dans laquelle il nous avait laissés, et sans le sommer, au nom de l’humanité, d’envoyer tous les navires de la colonie à la recherche et au secours des naufragés ;
  • 2o. Si ce même commandant n’aurait pas refusé l’offre qui lui aurait été faite par le gouverneur anglais de mettre à sa disposition tous les navires du port pour aller sur-le-champ à la recherche du radeau ;
  • 3o. S’il n’aurait pas retardé le départ du brick l’Argus de deux jours ;
  • 4o. S’il n’aurait pas sanctionné, par son silence, le pillage de la frégate échouée.

Ces faits sont constans, et nous les attestons sur notre honneur : le sieur Chmaltz est donc indigne de représenter le Gouvernement français au Sénégal. Il doit même subir au moins l’application du no 12 de l’art. 475 du Code pénal, qui porte des peines de police contre ceux qui ont refusé ou négligé de porter secours dans un naufrage ou tout autre accident.

On sent quelle aggravation ce fait reçoit des circonstances dans lesquelles était placé M. le gouverneur.

La chambre saisira même cette occasion sans doute