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MÉMOIRE

pour se faire rendre compte de l’administration intérieure de cette colonie, dans laquelle s’engouffre, depuis long-temps, une partie considérable des ressources publiques, sans qu’on sache quelle en est la destination et quels sont les résultats utiles que ces avances produisent. — Elle vérifiera même jusqu’à quel point est vraie cette rumeur publique qui signale les autorités placées à la tête de cet établissement comme favorisant presqu’ouvertement la traite des noirs, et comme ayant même des intérêts dans cet abominable commerce. — Nous ne garantissons pas l’exactitude de ces bruits, mais ils sont assez graves pour provoquer une examen et une punition exemplaire, s’ils se trouvent fondés ; ou une justification solennelle, s’ils sont dénués de fondement.

Ce qui est certain, c’est que celui qui a lâchement abandonné ses concitoyens dans la plus affreuse situation ; qui, après s’être sauvé lui-même, a mis tant d’indifférence et de lenteur à leur envoyer des secours ; qui a ainsi déshonoré le nom Français aux yeux des étrangers, par son inhumanité et son égoïsme ; que celui qui, obéissant servilement aux ordres du gouvernement anglais, a été prendre honteusement le cantonnement qu’on lui indiquait, tandis que ses instructions et l’honneur national lui faisaient un devoir de sommer l’étranger de faire à l’instant la remise de la colonie au représentant du gouvernement français, ou du moins de protester solennellement contre l’infraction des traités ; celui-là est bien capable de s’être