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CHAPITRE II.
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vive, mais qui, d’ailleurs, n’eut point d’autre résultat.

M. de Chaumareys annonça dans cette journée qu’il avait envie de mouiller un bout de câble devant le Cap Blanc. Il en parla jusqu’au soir ; mais en se couchant il n’y pensa plus : cependant il répétait sans cesse que le ministre lui avait ordonné de reconnaître ce cap ; et aussi, lorsque le lendemain matin quelqu’un annonça que la veille, à huit heures du soir, on avait cru l’apercevoir, il fut dès-lors défendu d’en douter ; et soit déférence, soit persuasion, on convint, mais non sans rire, que ce cap devait avoir été aperçu à l’heure citée. Ce fut d’après la position du bâtiment dans ce moment qu’on estima sa route, en attendant la hauteur du midi.

Il n’est pas inutile de rapporter ici que le lendemain, 2 juillet, quelques personnes trompèrent le capitaine de la manière la plus singulière. À cinq heures du matin, ils allèrent l’éveiller, et lui persuadèrent qu’un gros nuage qui se trouvait dans la direction, et à la vérité non loin de la position du Cap-Blanc, était ce cap même. Témoin de cette scène, M. Corréard, qui sait distinguer un rocher d’un nuage, parce qu’il en a beaucoup vus dans la région des Alpes, où il est né, dit à ces messieurs que ce n’était qu’un rocher vaporeux. On lui répondit que les instructions, que le ministre avait données au capitaine, lui prescrivaient de reconnaître le cap, mais que nous l’avions déjà dépassé de plus de dix lieues ; que leur intention avait