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NAUFRAGE DE LA MÉDUSE.

été, en s’éloignant du Cap-Blanc, d’éviter les écueils redoutables qui se trouvent dans ses parages, et sur lesquels immanquablement la frégate se serait perdue ; que dans le moment il s’agissait de remplir les intentions du ministre, en supposant et en persuadant au capitaine, ce qui n’était pas très-difficile, que ce nuage était le véritable Cap-Blanc. Tout cela se passa, ainsi que ces messieurs l’avaient arrangé, sans la moindre difficulté. Nous avons su depuis que l’on avait déposé, dans le conseil de guerre qui jugea le capitaine, que le cap avait été reconnu dans la soirée du 1er juillet, ce qui est faux, car nous ne l’avons jamais vu.

Après avoir fait cette prétendue reconnaissance, des hommes sages et prudents auraient dû gouverner dans la direction de l’ouest, pendant quarante lieues environ, pour gagner le large et doubler avec certitude et sûreté le banc d’Arguin, dont la configuration sur les cartes et très-imparfaite, et de-là on aurait repris la route du sud, qui est celle du Sénégal, et le banc se trouvait alors complètement évité. Il est d’ailleurs bien étonnant qu’il pût y avoir quelque hésitation sur la route à suivre, d’après les instructions du ministre de la marine, qui portaient de courir vingt-deux lieues au large, après avoir reconnu le Cap-Blanc, et de ne venir sur la terre qu’en employant les plus grandes précautions et la sonde à la main. Les autres bâtimens de l’expédition qui ont gouverné selon cette instruction, sont tous parvenus à Saint-Louis sans accident, preuve