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PROCÈS

Messieurs, a-t-il dit, j’avais prié M. Corréard de confier sa défense à des mains plus habiles ou moins malheureuses. Il a persisté ; et cependant je viens de parvenir à le convaincre que le passé n’était pas rassurant pour l’avenir ; que, condamné déjà il y a trois jours, il ne devait pas s’attendre aujourd’hui à une décision favorable, puisqu’il avait encore le même accusateur, les mêmes jurés et les mêmes juges. J’ai obtenu de lui qu’il me dispensât de renouveler des efforts qui, si récemment, avaient été inutiles. L’engageant à détourner ses regards de l’incertitude des jugemens humains, je l’ai porté à accepter le sort qui lui était encore destiné, comme un nouveau naufrage.

M. le président fait observer au défenseur que le jury n’est jamais lié par ses décisions précédentes, lorsqu’il s’agit d’une nouvelle prévention qui peut présenter des circonstances particulières ; qu’ainsi il ne peut déserter la défense de son client, sous le prétexte d'antécédents, qui ne servent jamais de base à une condamnation criminelle.

Plusieurs de MM. les jurés déclarent en même temps qu’ils n’ont pas figuré dans les débats auxquels ont donné lieu les accusations précédemment portées contre Corréard.

M.e Mocquart présente donc au fond la défense de son client ; elle se rattache à ces deux propositions. En fait, rien n’obligeait le prévenu à lire la brochure ; rien approuve qu’il l’a lue. Sous l’empire de la légis-