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SUR LA HOUILLÈRE DE BEAUJONC.

engagé à l’entrée du passage, et il faut des efforts pour le retirer par les pieds.

Quelques heures suffisent. Cette heureuse audace ayant avancé le moment des travaux, l’on s’oriente. M. l’ingénieur Migneron est à la tête des ouvriers ; on ouvre une taille dans la veine qui a moins d’un mètre d’épaisseur, et on se dirige sur le 28e ramb de la boussole.

Deux ouvriers seulement, couchés sur le côté, peuvent travailler dans cet espace étroit ; mais ils se succèdent au moindre affaiblissement de leurs forces, et chaque escouade de vingt hommes est relevée toutes les quatre heures.

La veine est dure, on ne pénètre que deux mètres en trois heures ; l’on frappe à coups redoublés ; inutiles soins ! nous ne sommes point entendus par les malheureux que nous voulons délivrer.

Il s’agit cependant de fixer leur attention, de les attirer sur la montée intérieure de Beaujonc, la plus voisine de la direction de nos travaux En vain on fait jouer la mine, on tire des pétards ; la nuit du vendredi et une partie de la matinée du samedi 29 février se passent sans espoir.

À cette époque, le niveau de l’eau était monté de trois mètres environ, malgré tous les efforts ; mais le public ignorait cette circonstance[1], et le courage des travailleurs n’était point abattu. Les travaux sont

  1. Seconde circonstance que nous avons cachée au public.