Page:Corréard, Savigny - Naufrage de la frégate La Méduse, 1821.djvu/482

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
476
RELATION

continués, et vers les huit heures du matin, le 29, on éprouve la satisfaction d’entendre un bruit éloigné, annonçant que les malheureuses victimes ont saisis notre plan et qu’ils travaillent eux-mêmes dans l’intérieur.

Néanmoins on devait accélérer les travaux de la tranchée, l’eau dans la journée du samedi étant encore montée de six mètres. Ainsi il fallait nécessairement arrêter le coup d’eau au serrement du bure Triquenote, et c’est ce que les charpentiers parvinrent enfin à exécuter le dimanche matin premier mars, en assujétissant des pièces de bois dans le havage[1]. De ce moment l’eau commença à diminuer.

Dans cet état qui ne croirait que les infortunés ouvriers dont les efforts ont été entendus, vont être délivrés ! Cependant nous sommes bien éloignés encore de cet heureux moment.

Nos travailleurs, trompés par les effets de l’acoustique, veulent prendre une autre direction. Dans la nuit du 29 février au premier mars, et par un excès de zèle, ils résistent à M. l’ingénieur Migneron ; en vain il leur observe qu’ils s’exposent à aller déserrer dans l’eau. Désespéré, il apprend qu’à l’extérieur, les femmes, les enfans murmurent aussi ; il conçoit toute la responsabilité qui pèse sur sa tête, et cède, pendant quelques heures, à la volonté des travailleurs.

Nous arrivons au bure, en ce moment, décidé à

  1. Terre, sable, schiste ou roche qui séparent deux veines.