Aller au contenu

Page:Corréard, Savigny - Naufrage de la frégate La Méduse, 1821.djvu/508

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
502
RELATION

DISCOURS

Prononcé par M. le baron de Micoud, Préfet.
Messieurs,

« Lorsque l’année dernière je signalai à l’estime, à l’admiration publiques deux enfans qui avaient courageusement exposé leurs jours pour sauver ceux de leur père, je ne pensais pas que ce dévouement si louable, mais si naturel, serait surpassé, un an après, par un dévouement plus grand encore, et qui appartient tout entier au sentiment pur de l’humanité. Heureux le département qui offre ces exemples sublimes !

» Jeunes Thonus ! je ne cherche point à affaiblir le mérite de votre piété filiale ; mais il ne s’agit point ici seulement d’enfans fidèles aux plus saints de leurs devoirs, de fils qui s’immolent pour le salut de celui qui leur donna la vie : c’est un époux qui abandonne sa femme, un père de sept enfans qui en livre six à la commisération publique, et tenant par la main le septième, oublie son propre salut, pour ne s’occuper que du soin de sauver les compagnons de ses travaux. C’est un héros de douze ans qui veut partager les périls de son père, et qui, dans une situation dont le seul récit fait frémir, relève, par son énergie, le cou-