Page:Correspondance d’Eulalie, 1785.djvu/170

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 166 )


à la toilette, demandoit à me parler ; j’ordonnai qu’on la fit entrer.

Arrivée près de mon lit, cette femme me dit qu’elle ſeroit bien aiſe d’être ſeule avec moi ; je fis retirer Sophie, et elle débuta ainſi : Ce que je vois, Madame, me confirme aſſez qu’on peut être auſſi paſſionné pour vous que l’eſt la perſonne qui m’a priée de venir vous parler en ſa faveur. Un Prince Ruſſe, qui vous a vue pluſieurs fois au ſpectacle, meurt d’envie de vous avoir quelques inſtans à ſa diſpoſition. Il part dans peu pour retourner dans ſa patrie, et il dit que ſi vous ne le rendez heureux, il en mourra. Je ſuis chargée de vous demander à quel prix vous mettez vos faveurs, et de vous offrir, ſi vous ne voulez pas que l’entrevue ſe faſſe chez vous, de venir chez moi. Je demeure à un ſecond étage, je vends des modes, ainſi cela ne paroîtra pas ſuſpect. Le Prince s’y