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Lettre de Mademoiſelle Julie.
Ce Mercredi 29 Mai 1782.


Ah ! ma chere amie, que les hommes ſont trompeurs ! Tu connois ce D*** que j’ai pour amant[1] depuis deux ans, & qui eſt cauſe que j’ai refuſé pluſieurs entreteneurs, & me ſuis bornée à faire des parties ; hé bien, je revenois hier de chez ma couturiere, lorſqu’en remontant à mon appartement, j’y entendis quelque rumeur. Curieuſe de ſavoir ce que ce pouvait être, je regardai par le trou de la ſerrure. Dieu !

  1. Il eſt d’uſage chez ces filles d’avoir chacune un ami particulier qu’elles appellent leur amant ; c’eſt le plus ſouvent leur coëffeur ou quelque laquais. Celles qui donnent dans une claſſe en apparence au-deſſus, ont un de ces élégans ſans aſyle qui ne ſe ſoutiennent que par leurs eſcroqueries en tout genre, ſur leſquels les magiſtrats veillent ſans ceſſe, & dont il n’y a pas de mois que la Police n’en envoye quelques-uns à Biſſêtre.
  Tom. I.
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