Page:Correspondance de M. le marquis Du Chilleau avec M. le comte de La Luzerne.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
( 10 )

ceux d’un autre. Cette manière de voir a bien ses inconvéniens ; et à Dieu ne plaise que je veuille jetter le plus léger soupçon sur qui que ce soit, mais les permissions particulières, les privilèges exclusifs, ont toujours pour base des motifs dangereux : ils sont proposés par des agens payés pour cela, qui sous de frivoles prétextes, et animés, disent-ils, de l’amour du bien, n’ont réellement pour objet que leur intérêt.

Craindra-t-on de nuire au Commerce de la Métropole ? Cette Métropole n’a point de farines pour pourvoir ses Colonies, puisqu’elle en manque pour elle-même, puisqu’elle accorde une prime aux farines étrangères. Le Commerce aurait donc tort de se plaindre.

Craindra-t-on de verser dans la Colonie une quantité de farines surabondante ? Dans l’état de misère en vivres, tant pour les Nègres que pour les Blancs, où va se trouver incessamment la Colonie, cette surabondance ne pourra pas avoir lieu ; nous avons au moins huit mois à courrir avant de recevoir des farines de France.

Mais, dira-t-on, en versant dans la Colonie des farines étrangères, on aura la liberté d’y jetter aussi