Page:Correspondance de M. le marquis Du Chilleau avec M. le comte de La Luzerne.djvu/34

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RÉFLEXIONS.

que, bien loin d’annoncer des expéditions nombreuses, en promettent fort peu, se plaignent unanimement de la brièveté de la permission limitée au 30 Juin, et de ne pouvoir, à leur retour, se charger de denrées Coloniales.

En prenant l’avis des Chambres de Commerce, on doit craindre qu’il ne soit dirigé par leur intérêt particulier, plus que par des vues bienfaisantes. Sa Majeſté a prescrit aux Adminiſtrateurs de les consulter, mais c’est quand ils ne se croiraient pas suffisamment éclairés ; j’ai pris cette précaution avant de rendre l’Ordonnance du 31 Mars, et tous les Négocians du Port-au-Prince reconnurent alors l’indispensabilité de l’introduction des farines étrangères ; la circonſtance actuelle, la nécessite encore davantage : on pouvait croire alors qu’il y avait eu des accapareurs, qu’il existait plus de farine qu’on le supposait, et c’était vrai ; mais on connaît aujourd’hui toute celle qui exiſte, et M. de Marbois sait qu’il n’y en a pas pour un mois : serait-il de la sagesse d’un Administrateur de sacrifier la subsistance, la vie des sujets du Roi, à l’intérêt momentané du Commerce de France ?

Il y a si peu de numéraire dans la Colonie, que