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Page:Correspondance inédite (1870-1875) d'Arthur Rimbaud, 1929.djvu/17

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pierre et s’effondre en cratère, la lave des volcans fuse dans le tonnerre. Et c’est la même lave qui sort de tous les volcans. Et celui qui l’envoie est l’unique feu du centre. À certaines époques, une grande angoisse saisit toute l’humanité qui sent plus horriblement présent le souffle de l’Esprit. Son message Révélation-Révolution veut une bouche d’homme. Mais ils sont rares ceux qui peuvent traduire ! Rien n’a éclaté encore. Et cependant, depuis le début du dix-neuvième siècle, je sens l’imminence du cataclysme vivant. On peut le suivre à la trace dans les esprits à jamais marqués de son stigmate, qui l’ont pressenti. À des marques presque insensibles, mais qui ne trompent pas, certains peuvent reconnaître qu’il a cherché en vain à s’exprimer par les voix du Blake des « Chants prophétiques », du Poe d’« Eurêka », du Victor Hugo de « Ce que dit la bouche d’ombre » et des derniers poèmes métaphysiques, du Balzac de « Louis Lambert », du Baudelaire des « Correspondances » et du Ghil de l' « Ordre altruiste » tous rendus attentifs par les voix antérieures du Zohar<ref>Et Denis Saurat qui va publier sur la « Religion de Victor Hugo » un livre étonnant que je ne crois pas trahir