Page:Correspondance intime de l'amiral de La Roncière Le Noury avec sa femme et sa fille, 1855-1871. T. 1,.djvu/104

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correspondance la roncière

rivons à Thingwalla à 5 heures, dînons d’un dîner qu’avait préparé le cuisinier que nous y avions laissé la veille, et couchons sous nos tentes qui nous avaient suivis de près. Pluie toute la nuit. Il y a déjà plusieurs éreintés ; il y a de quoi. Nous trouvons la laiterie fermée à clef, nous avons l’honnêteté de ne pas enfoncer la porte, mais nous nous faisons apporter du lait par la famille du pasteur. il y a chez lui un naturaliste prussien qui est là depuis quinze jours. Il doit bien s’amuser. Dufferin vient camper près de nous ; son bataillon marche avec vingt-deux chevaux. Le lendemain matin, pluie pour changer. Départ à 8 heures ; le pasteur fait payer le Prince 220 francs pour le lait que nous avons bu, l’herbe que les chevaux ont mangée dans ses champs, qui sont à tout le monde, et la valeur d’une bourrée de bois que nous avons brûlée. Le tout valait bien 6 francs. Ce pasteur a en tout soixante-dix paroissiens, tous disséminés sur un immense espace. De ces soixante-dix ouailles, il tire par la dîme 1.200 francs par an de revenu, c’est assez joli. J’ai causé longtemps avec lui en latin. C’est la langue avec laquelle on peut s’entendre ici avec les gens du pays qui ont quelque instruction.

Arrivés à Reykjavik à 4 heures et demie, enchantés de retrouver la Reine Hortense. Le Cocyte est réparé, le charbon presque terminé. Le commandant de l’Artémise donne un bal le lendemain dimanche en l’honneur du Prince, il faut bien rester. Nous nous couchons très fatigués. Le dimanche nous allons à la messe à bord de l’Artémise, et le soir au bal à bord, Il y a vingt-cinq femmes ; c’est assez grotesque. Notre musique et un quadrille de matelots déguisés font les principaux frais, outre un bon souper, où le Prince répond à des toasts par un speech bien tourné.