La crinoline est encore inconnue dans ces parages. Les femmes, si on peut les appeler ainsi, sont vêtues comme il y a vingt-cinq ans. Le Prince a laissé de fort beaux cadeaux : des montres en or, des tabatières à musique, des fusils, des livres, des tableaux, et entre autres des portraits à l’huile de l’Empereur et de l’Impératrice, pareils à ceux qui sont dans les ministères à Paris.
Il y a à Reykjavik deux partis, le parti du recteur et le parti de l’apothicaire. Ce dernier désire vivement être nommé agent consulaire de France ; il est soutenu par le commandant de l′ Artémise. Le recteur est son ennemi et lui est en réalité très supérieur.
Au milieu de toutes mes occupations, j’ai trouvé moyen de m’occuper de questions officielles que j′étais chargé de résoudre, et je ferai des rapports là-dessus qui auront l’avantage de venir de quelqu’un qui n’a pas de parti pris.
Après le bal, nous appareillons, remorquant le yacht de lord Dufferin, qui veut nous suivre. Je laisse le Cocyte à Reykjavik ; il ne marche pas assez vite. Nous prenons à bord ses passagers, que nous logeons tant bien que mal à bord de la Reine Hortense. Il nous sert de dépôt. Je me fais accompagner par un des charbonniers anglais et je vais à Onundar Fjord à la côte du nord-ouest de l’Islande à 50 lieues de Reykjavik ; là, le temps étant beau, je ne mouille pas, et je me dirige sur l’île de Jean Mayen [1], où aucun navigateur n’a abordé depuis Scoresby. [2]Les baleiniers et les pêcheurs de phoques
- ↑ Île Jean Mayen. À l’est de la côte orientale du Groenland, par 71° de latitude nord et 12°14 de longitude ; à 550 kilomètres nord-nord-est de l’Islande. Découverte en 1611 par le Hollandais Jean Mayen.
- ↑ Scoresby (1760-1829), explorateur et grand pêcheur de baleines : a pris au cours de ses expéditions 533 baleines.
