combien un bâtiment comme la Reine Hortense a dû les frapper avec la musique, les coups de canon, le nombreux équipage, etc. On s’est mis de suite à faire des échanges, car ils ne connaissent pas le prix de l’argent ou de l’or ; à la fin cependant, ils voulaient tous des pièces de cinq francs, mais ne voulaient pas des pièces d’or, qui sont plus petites. Pour un vieux pantalon on avait tout ce qu’on voulait. Enfin, pour me servir d’une expression maritime, nous avons chaviré tout le pays, et il est certain que dans des siècles on parlera de cette époque mémorable. Nous avons fait danser et valser les femmes Esquimaux, on les a photographiées, dessinées, régalées ; elles sont affreuses Je t’envoie un petit dessin.
Nous avons fait là une perte sensible pour nos estomacs. Il n’y a aucun animal domestique au Groënland. Nous avions emmené d’Islande huit moutons ; on les envoya paître à terre, mais sans la précaution de les attacher ; comme ces animaux vivent en Islande à l’état de liberté, il a été impossible de les reprendre une fois lâchés. Nous avons mis tout l’équipage à courir après eux. On n’a pas pu en prendre un seul ; ils couraient comme des chèvres, il a fallu avoir recours aux grands moyens. On a été à la chasse aux moutons avec des fusils chargés à balle, on en a tué ainsi quatre, mais il y en a quatre que l’on n’a pas pu atteindre.
Nous avons fait faire par les naturels une chasse aux phoques. C’est la principale nourriture des Esquimaux, et ils s’habillent presque uniquement de peaux de phoque. Il est curieux de voir l’adresse avec laquelle ces hommes harponnent le phoque et le préparent.
Nous sommes allés faire une excursion en canot à plusieurs lieues dans l’intérieur, on ne peut aller nulle part à pied, ce sont des rochers inaccessibles et couverts de
