neige. Ce n’est que sur une bande qui longe la mer et qui n’a que cinq ou six lieues de large que la neige n’est pas perpétuelle sur la côte du Groënland. En dedans de cette bande, à l’intérieur, il y a sur les montagnes comme dans les vallées une couche de neige qui s’accroît toujours et que l’on estime dans certains endroits avoir jusqu’à 2,000 pieds d’épaisseur. Chose singulière : malgré le froid, on y est dévoré de moustiques. C’est insupportable. Dans notre excursion dans l’intérieur nous sommes montés à un glacier, et là nous en avons eu plus que partout ailleurs, et pour nous en débarrasser, nous n’avons rien imaginé de mieux que d’aller nous mettre avec le canot tout près d’une immense cascade qui tombe de plus de cinq cents pieds dans la mer, et qui forme ainsi une pluie qui nous a débarrassés en partie de ces affreux animaux.
Les cases des naturels sont bien ce qu’il y a de plus hideux et de plus sale au monde. Elles sont en partie creusées par terre, on y entre par une porte si basse suivie d’un couloir si bas que je ne pouvais y passer qu’à quatre pattes. Il est vrai que les Esquimaux sont tout petits. Tout dans ce pays-là sent le phoque, c’est une odeur insupportable pour nous. En Islande, l’odeur nationale, c’est la morue. Au Groënland, c’est le phoque. Je préfère de beaucoup la première.
Au nombre des Danois établis là nous avons trouvé le pasteur protestant, homme très intelligent, qui nous a été d’un très grand secours dans nos recherches. Nous avons aussi trouvé trois dames danoises, assez bien pour des Danoises. Elles sont venues déjeuner à bord. Dans ce pays-ci je me remets tout à fait à mon allemand et je m’en tire très bien. Nous ne sommes que trois parlant allemand à bord : le Prince, un de ses secrétaires et moi. Cela nous est très utile, la plupart des Danois parlant cette langue.
