Page:Correspondance intime de l'amiral de La Roncière Le Noury avec sa femme et sa fille, 1855-1871. T. 1,.djvu/129

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LA CROISIÈRE DE LA « REINE HORTENSE »

difficile à griser, que je porte bien la voile, comme disent les marins.

Mon voisin de gauche, le baron de Wedel-Jarlsberg, est un vieux grand seigneur de la vieille roche, de l’école de Metternich, Wellington, Nesselrode, etc., etc., c’est-à-dire aimant peu, je crois, les Français et surtout les Bonaparte, mais un parfait gentleman. À ma droite, le ministre des Finances, pour me faire honneur sans doute, s’était grisé complètement, et avait entamé une dissertation sur le système décimal. Comme il ne parle pas français, disait-il, nous causâmes d’abord en anglais, puis en allemand. Mais, quand il a été ivre et qu’il a entamé sa dissertation, il l’a faite dans un mélange de norvégien, de français, d’anglais et d’allemand qui eut fait éclater de rire quelqu’un sachant moins se contenir que moi. Toujours est-il qu’il était complètement ivre et que je l’eusse amené facilement à me signer une pension de 25.000 francs sur le grand livre de la dette publique en Norvège. Il faut dire, d’ailleurs, qu’en sortant de table, tout le monde, y compris le vice-roi, et excepté nous autres Français, était plus ou moins dans les vignes.

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À la même.


Copenhague, 23 septembre, 1856.

Cette lettre, terminée à Copenhague, le 23 septembre 1856, commence par raconter diverses excursions aux environs de Christiania, au château royal d’Oscarshal, aux mines de Kongsberg, le départ de Christiania, l’arrivée à Gothembourg, la traversée de la Suède, par les lacs, sur un petit bateau à