s’est répandue à bord, il y a eu exultation générale.
Le vent, qui était mauvais, était bon pour aller dans le Sud, nous avons donc appareillé le lendemain 27, après avoir fait à la machine, que le coup de vent avait un peu détraquée, une réparation nécessaire. Nous avons passé en dedans des îles, dans les fiords, pendant un espace de 20 lieues. Le 28 au soir, nous avons mouillé à Khristiansand, de là nous sommes allés à Arendal et enfin à Christiania, où nous sommes arrivés le 31, à midi.
Comme il y a ici un vice-roi[1]qui est le fils aîné du roi de Suède, et une cour, j’avais envoyé le Cocyte d’avance pour régler le cérémonial. Car, bien que le Prince s’acharne à voyager incognito, j’arrange les choses de façon à ce que sa présence ne passe pas inaperçue À 2 heures, nous sommes allés faire une visite au vice-roi, qui est un grand beau garçon de trente ans, de manières très avenantes. Il est venu ensuite à bord, à 4 heures, rendre la visite au Prince ; à 5 h. 1/2 nous sommes allés dîner chez lui, le Prince, d’Abrantès, Pisani et moi ; c’était un dîner de quarante couverts. Les quatre premières places étaient occupées par les deux princes, le grand maréchal du palais, qui s’appelle le baron de Wedel-Jarlsberg, et moi. J’étais à côte de ce dernier et du ministre des Finances.
Ce qu’on boit dans ces dîners, on ne peut se le figurer.
On se porte des santés, et il faut vider son verre, car, après avoir bu, on doit montrer à la personne avec qui on a bu que le verre est vide. J′estime que j’ai bu environ trente-six verres de vin, de dix ou douze vins différents, mais d’ailleurs excellents. Heureusement que je suis très
- ↑ Le prince Oscar, futur roi Oscar II, fils du roi Oscar Ier régnant en 1856.
