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Page:Correspondance intime de l'amiral de La Roncière Le Noury avec sa femme et sa fille, 1855-1871. T. 1,.djvu/141

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LA CROISIÈRE DE LA « REINE HORTENSE »

mes bas de soie pour le bal de demain. Adieu, je t’embrasse et Babé.

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Paris, 19 février 1859.
Chère Enfant,

J’ai dîné au club hier, avec Canrobert, l’amiral Cécille [1], etc., etc. Nous avons eu une discussion formidable sur l’impôt sur les valeurs mobilières, dont j’étais le champion le plus ardent, si ce n’est le plus éloquent. J’avais pour principal adversaire l’amiral Cécille, et, pour me seconder particulièrement, MM. de Veauce et de Bryas. La discussion a duré trois heures et n’a cessé que parce que je suis parti pour m’habiller.

Ce soir je me remets en culotte pour aller aux Tuileries, si toutefois je peux encore entrer dans ma culotte.

Le bal Waleski n’était pas assez nombreux, La musique était éloignée et s’entendait à peine. Dans un bal masqué, il faut de la foule et beaucoup de bruit pour que le masque enhardisse. Quelques masques perdus dans de grands salons se regardent et n’osent se rien dire.

On a reconnu l’Empereur et l’impératrice quoiqu’ils aient changé trois fois de costume. Ce que c’est que l’habitude ! On a tout d’abord reconnu l’Empereur à son habitude de porter sa main à sa moustache pour la friser, par-dessous le masque. Il a beaucoup promené Mme de Brigode qui était en Bohémienne. C’est le costume à la mode depuis le Trouvère, la Reine Topaze, etc. Quelqu’un

  1. Vice-amiral Cécille (1787-1873). Député de la Seine-Inférieure à la Constituante de 1848 et à la Législative de 1849. Ambassadeur à Londres. Sénateur en 1853.