comme 30.000 hommes, dans une petite auberge où aboutit le bac. Nous les avons vus là pendant une demi-heure en attendant le bac. IL y en avait qui voulaient monter sur la voiture absolument ; nous avons été obligés de les prendre par le collet pour les faire déguerpir. Enfin, nous nous lançons sur la route de Gromarty, assez préoccupés d’une réflexion qui est celle-ci : « Si par hasard la Reine Hortense, retenue par je ne sais quel motif, n’était pas à Gromarty ?… » Nous devisons sur cette éventualité, fort gaiement, il est vrai ; mais moi, qui suis responsable de tout, assez préoccupé à cause du ridicule qu′ il y aurait à ce qu’un prince français fut, sans le sou, obligé de rester à une auberge de Gromarty jusqu’à ce que la Reine Hortense arrivât. Enfin, à minuit, nous apercevons la petite ville et en même temps la Reine Hortense qui se pavane en rade. La Prince et moi allons de suite à bord chercher de l’argent, laissant Pisani et d′ Abrantès en gage au cocher. Je ne sais trop ce qu’il en aurait fait si nous n’avions pas apporté d’argent pour les dégager.
Tel est notre voyage à travers l′Écosse. Le Prince est un excellent compagnon dans ces excursions, il est toujours en train, et fort facile à mener. Il est on ne peut pas mieux pour moi.
De Gromarty, nous sommes allés à Thurso ; et en partant de Thurso, j’ai commencé cette lettre que j’ai reprise aujourd’hui 29, après le mauvais temps. Nous filons le long de la côte sud d’Islande, tout près de terre. C’est un pays extrêmement aride et montagneux. Je pense que nous serons demain à Reykjavik. Nous sommes entourés de baleines qui viennent souffler à la surface près de nous. Hier soir, nous avons sondé par un fonds de 4.600 mètres ; il est très rare que l’on réussisse à avoir
