qui n’est connu que par quelques petits ouvrages de cette nature[1].
— Je ne sais pas si vous connaissez les Considérations sur la grandeur et la décadence des Romains de M. de Montesquieu, auteur des Lettres Persanes. C’est un ouvrage où il y a de la politique, beaucoup de philosophie, et un grand sens. La nouvelle édition qu’on vient de publier de ce livre me donne l’occasion de vous en parler. Toute la grandeur de Rome, suivant ce profond écrivain, vint de ce que les Romains n’eurent jamais la pensée de fonder plusieurs villes ; mais de plusieurs villes, de plusieurs peuples, de plusieurs empires, ils pensèrent toujours à ne faire qu’une ville. Ils voulurent établir dans Rome un centre à l’univers par leur industrie, il n’y eut qu’un foyer dans le monde, et ce foyer, qui était Rome, échauffait tout. Mais dès que les centres du gouvernement, les foyers se multiplièrent au préjudice de l’unité et de l’union, lorsque les gouverneurs perpétués dans leur emploi se regardèrent comme indépendants, Rome déchut de son ancienne grandeur. Voilà la clef de ce livre où chaque mot dit souvent plus d’une chose, et qu’il faut plutôt méditer que parcourir. On a beaucoup écrit sur les Romains, et peut-être était-il réservé au seul président de Montesquieu de les connaître.
— M. de La Font, auteur des excellentes Réflexions sur la peinture, vient de publier une lettre critique sur l’Histoire du Parlement d’Angleterre[2]. Il règne beaucoup de modération dans cette critique qui, d’ailleurs, est sans ordre et mal écrite,
— L’Électeur de Cologne ayant fait écrire au poète Roy qu’il souhaitait de voir de ses ouvrages, celui-ci, en les lui envoyant, lui a adressé les vers suivants :
Par le goût des beaux-arts Votre Altesse guidée.
Sur la foi des bienfaits dont me comble mon roi,
À peut-être conçu de moi
Une trop grande idée.
J’apprends que vous voulez en juger par vos yeux.
Que cet ordre m’est précieux !
L’offrir et l’annoncer porte un air d’assurance.
L’hommage qui nous sied le mieux
Est celui de l’obéissance.
Vos souverains font grâce aux talents nés chez eux ;