Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 1.djvu/229

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XXXI

On finit aujourd’hui, samedi, de jouer Sémiramis de Voltaire, à la onzième représentation[1]. On la donnera en hiver avec peut-être plus de bonheur qu’elle n’en a eu d’abord. Le nombre des censeurs continue à être fort supérieur à celui des partisans. Il s’est passé une scène assez plaisante dans une des représentations de cette pièce. Voltaire se trouva sur le théâtre tout près de Crébillon, dont on doit représenter dans quelques mois le Catilina. Un imprudent tel qu’il s’en trouve souvent dans les grandes villes prit Voltaire par le bras, et lui dit ces deux vers parodiés de Corneille :

Tyran, descends du trône, et fais place à ton maître ;
Voici Catilina qui commence à paraître[2].

Le grand défaut de cette pièce est de renfermer assez d’incidents pour composer plusieurs pièces. L’auteur a voulu y renfermer tout ce qui se trouve épars dans toutes les autres tragédies ; de là vient qu’on appelle son ouvrage la Pièce des pièces ou plus plaisamment la Thériaque de Melpomène. Tout cela me paraît assez bien relevé dans les vers que je vous envoie.


parodie sur l’air : Paris est au roi.

BillQue n’a-t-on pas mis
BillDans Sémiramis ?
BillQue dites-vous, amis.
BillDe ce beau salmis ?

  1. L’auteur s’est trompé, on continue encore de la donner. (Note d’une écriture inconnue)
  2. Ce n’est qu’un bon mot dit par Piron dans l’absence de Voltaire (Id.).