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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 1.djvu/356

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NOUVELLES LITTÉRAIRES

en abuse souvent pour étayer son système favori, qui est que la terre a été fort longtemps submergée.


Tome II.

La génération des animaux, ce mystère sur lequel la sagacité des physiciens s’exerce en vain depuis si longtemps, est l’objet principal du second volume de l’Histoire naturelle. Le départ de tous ceux qui ont fait des recherches et des systèmes sur cette matière, est qu’ils se sont uniquement attachés à la génération de l’homme et des animaux, et n’ayant considéré que cette génération particulière sans faire attention aux autres espèces de génération que la nature nous offre, ils n’ont pu avoir des idées générales sur la reproduction ; c’est à cela principalement qu’on doit attribuer le peu de succès de leurs travaux sur cette matière.

M. de Buffon entreprend ici d’exposer les systèmes des physiciens, de développer la source de leurs erreurs et de montrer le chemin qu’il a pris pour arriver à quelque chose de certain sur cette importante question. Aristote pensait que le mâle fournit seul le principe prolifique, et que la femelle ne donne rien qu’on puisse regarder comme tel ; car quoiqu’il dise, dans quelques-uns de ses ouvrages, que la femelle répand une liqueur séminale comme un principe prolifique, le principe efficient existe seulement dans la liqueur séminale du mâle, laquelle n’agit pas comme matière, mais comme cause.

Hippocrate a établi une opinion qui a été adoptée par le plus grand nombre des médecins jusque dans les derniers siècles. Son sentiment était que le mâle et la femelle avaient chacun une liqueur prolifique. Il voulait de plus que dans chaque sexe il y eût deux liqueurs séminales, l’une plus forte et plus active, l’autre moins forte et moins active. La plus forte liqueur du mâle mêlée avec la plus forte liqueur séminale de la femelle produit un enfant mâle, et la plus faible liqueur du mâle mêlée avec la plus faible liqueur de la femelle produit une femelle.

Harvey, ce fameux anatomiste à qui on est redevable d’avoir mis hors de doute la question de la circulation du sang, que