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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 1.djvu/367

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NOUVELLES LITTÉRAIRES.

amis, ils ont enfin mis cette pierre avec indignation sur son tombeau : « Passant, apprends que les cendres de ce grand capitaine, à la honte de ses héritiers, sont ici d’une manière peu digne de lui ; les liens du sang ont fait moins d’impression sur ses parents que l’idée de ses vertus guerrières sur les étrangers. »

3° Les satires du comte de Rochester. Elles m’ont paru moins correctes, moins élégantes, moins exactes que celles de Boileau ; mais je n’y ai pas trouvé plus de chaleur, plus d’emportement, plus de connaissance des hommes et de la philosophie.

4° Quelques odes fort belles de Waller sur Cromwell. Charles II ayant été rétabli sur le trône de ses pères, le poëte vint lui présenter une ode sur son heureux retour. « Vous avez mieux fait pour le Protecteur que pour moi, dit le prince. — Sire, répondit Waller, nous autres poëtes, nous réussissons mieux dans les fictions que dans les vérités. » Pline avait dit auparavant dans son Panegyrique de Trajan : Ingeniosior est enim ad excogitandum simulatio, veritate, servitus libertate metus amore.

5° Les odes de Mathieu Prior sont aussi sublimes que les meilleurs ouvrages de sa nation et infiniment plus correctes. Sa vocation aux lettres est singulière. Il servait dans un cabaret de Londres. Le comte de Dorset et le duc de Buckingham y dînaient un jour ensemble ; ils ne pouvaient s’accorder sur un passage de Shakespeare. Le comte de Dorset, pour plaisanter, s’avisa de consulter le jeune Prior. Celui-ci démêla si bien le sens de ce passage que le comte de Dorset résolut de le faire étudier à ses dépens. Prior accompagna milord Portland en France en 1699. Ce poëte considérait à Versailles les belles tapisseries faites sur les dessins de Lebrun, qui représentaient les victoires de Louis XIV, et on lui demanda si Guillaume III avait son histoire dépeinte de la même manière dans son palais : « Non, dit-il, il y a partout des monuments des grands exploits de mon maître, excepté chez lui. »

— Le P. Folard, jésuite de Lyon, fit part, en 1736, à un de ses confrères de Paris d’une tragédie manuscrite de sa composition intitulée Agrippa. Un ami de l’auteur, qui eut la curiosité de la voir, envoya un de ses gens pour la chercher ; on le renvoya au lendemain sous je ne sais quel prétexte. Un cartouchien qui