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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 1.djvu/386

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NOUVELLES LITTÉRAIRES

logne[1]. C’est un tableau, fait avec assez de naïveté et de vérité, des défauts de ce gouvernement et des remèdes qu’on pourrait y appliquer. Il n’y a pas de grandes vues dans cet ouvrage, mais la plupart des choses y sont sensibles et raisonnables. On n’omet rien de ce qui est essentiel, et on s’y étend sur les objets à proportion de leur importance. En général, il y a de l’ordre et de la clarté dans ce livre ; le style en est toujours net, quelquefois agréable et souvent diffus. Si vous le lisez, vous serez, je crois, attachée par la chose même et par l’air plein d’humanité et de sentiment dont elle est traitée. Le fond de ce traité de politique est du roi Stanislas ; c’est le chevalier de Solignac, secrétaire de ses commandements, qui y a donné la forme. Il paraîtra, dans un ou deux mois, cinq volumes d’une Histoire de Pologne par cet écrivain. Ils seront suivis, dans quelques années, de cinq autres tomes. M. de Solignac m’a fait l’honneur de me communiquer quelques endroits de son ouvrage, qui m’ont paru fort beaux.

— La poésie que vous allez lire n’a qu’un faux air d’éloge. Ce sont des contrastes plus ou moins sensibles, selon qu’on a plus ou moins connu Mme du Châtelet. Depuis longtemps nous n’avions point eu de satire où l’ironie fût si ingénieuse et si bien soutenue. Pour rendre ces vers plus piquants, on suppose que c’est Voltaire qui parle :

Un sommeil éternel a donc fermé ces yeux
Où brillaient la vertu, l’amour et le génie !
La vérité, l’honneur, la foi, la modestie,
N’ont pu changer du sort l’arrêt impérieux.
N’onTu meurs, immortelle Émilie,
Ou plutôt ta belle âme, en volant vers les dieux,
N’onÀ son principe est réunie ;
Avec toi, la pudeur, de la nature bannie,
N’onRentre pour jamais dans les cieux.
Tu meurs et je survis à cette heure fatale,
Je vois encor le ciel dont tu ne jouis plus.
Hélas ! où l’amitié, les talents, les vertus,
N’onPourraient-ils trouver ton égale ?
Qui me rendra ces jours passés dans la douceur
N’onD’une confiance tranquille,
N’onOù mon âme à tes goûts docile

  1. 1749. Deux parties in-12. Réimprimé en 1753 et 1764.