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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 1.djvu/397

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NOUVELLES LITTÉRAIRES.

votre antagoniste M. de Pultney. » Il y alla aussitôt, et fut éconduit de même. Alors il se déclara contre l’un et l’autre. Il écrivait le lundi contre Walpole et le mercredi contre Pultney ; mais après avoir subsisté honorablement les premières semaines, il finit par demander l’aumône à leurs portes.

Nanine, comédie de M. de Voltaire dont j’ai eu l’honneur de vous parler autrefois et qui réussit médiocrement l’été dernier ou l’autre, ne réussit pas mieux à l’impression. C’est je crois, le plus faible des ouvrages de ce grand écrivain. Il y a mis une espèce de préface pour justifier le comique larmoyant ; on ne peut rien voir de plus faiblement écrit ni de plus mal rédigé que l’apologie de ce nouveau genre de comédie.

— Il paraît un roman intitulé le Masque[1]. En voici l’idée. Une inconnue écrit un billet au chevalier *** dont elle est devenue amoureuse. Ce chevalier est conduit mystérieusement dans un appartement qui annonce le magnifique et la galanterie de la personne qui l’habite. Elle ne se montre à son amant qu’en masque ; le chevalier en devient amoureux. Cet attachement était encore faible lorsque le jeune homme vit Émilie. La beauté de cette personne lui rendit bientôt odieux les emportements et les présents du masque. Cependant les rendez-vous continuaient, mais ils n’étaient ni vifs ni galants ; enfin, au moment que le chevalier s’y attendait le moins, l’inconnue lui déclare qu’elle est prête à se faire connaître le masque tombe et il laisse voir la charmante Émilie.

L’idée de ce roman m’a paru assez ingénieuse, et les incidents assez naturels. Les bienséances, qui sont communément si peu respectées dans les ouvrages de cette nature, le sont ici. Le style, qui fait le principal mérite de ces sortes de productions, manque toujours de force et assez souvent de correction et de noblesse.

Kanor[2] est un conte nouveau qui fait du bruit depuis trois ou quatre jours. Deux peuples voisins et amis, conduits par leurs souverains, font une pêche commune dans une rivière qui les sépare. Les pêcheurs d’une nation ne prennent que de

  1. Paris, Duchesne, s. d. Par de Cléro, suivant une note de l’inspecteur de la librairie d’Hémery.
  2. Kanor, conte traduit du sauvage, par Mme ** (Marie-Antoinette Fagnan), Amsterdam, 1750, in-12.