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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 1.djvu/405

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NOUVELLES LITTÉRAIRES.

n’est pas trop d’accord sur cela, elle fut déchargée de cet assassinat et on répandit que La Frenaye, au désespoir, s’était défait lui-même.

Cette aventure fixa Mme de Tencin aux lettres. Sa maison devint le rendez-vous de tout ce qu’il y avait de plus distingué par l’esprit et par le talent. Amie de presque tous les illustres qui la voyaient, elle les aidait de ses conseils, de sa bourse et de son crédit. Nous lui devons trois ouvrages pleins d’agrément, de délicatesse et de sentiment, le Comte de Comminges, les Malheurs de l’amour et le Siège de Calais. Les gens mal instruits attribuent cet ouvrage à M. de Pont-de-Veyle.

La malignité française a laissé plus tranquilles qu’on ne le devait espérer les cendres de Mme de Tencin ; elles en sont quittes pour ces quatre vers :

Crimes et vices ont pris fin
Par le décès de la Tencin.
Hélas ! me dis-je, pauvre hère,
Ne nous reste-t-il pas son frère ?


LXIII


Il y a quatre-vingts ou cent ans que le goût des vers burlesques était si général en France qu’on n’osait donner que des ouvrages de cette nature. Un auteur pieux[1], qui voulait être lu et qui voulait l’être sur des matières de religion, imprima la Passion de Jésus-Christ en vers burlesques. Cette manie, qui était passée durant les beaux jours de notre littérature, nous est revenue depuis sept ou huit ans. Nous en avons une nouvelle preuve dans l’accueil que le public fait depuis quelques jours à une brochure intitulée le Paquet de mouchoirs, monologue en vaudevilles et en prose[2]. C’est un savetier qui discourt seul et en jargon de son métier, de ses voisins, de ses camarades, de sa


  1. L’abbé Pellegrin.
  2. Quérard assigne la date de 1755 à cette facétie de Vadé.