une fille d’environ vingt-six ou vingt-sept ans, assez jolie quoiqu’elle louche, d’une taille dont il n’y a rien à dire. Elle a d’assez beaux bras, un son de voix intéressant, et beaucoup d’intelligence. C’est dommage qu’elle soit extrêmement maniérée et un peu froide. Le premier de ces défauts est d’autant plus insupportable qu’il ne lui donne aucune dignité, et le second d’autant plus sensible qu’elle le porte jusque dans les rôles où il faudrait le plus de chaleur. Cette actrice a choisi pour ses rôles de début celui de Lucinde dans l’Homme à bonnes fortunes, qui est peu de chose et qui est joué supérieurement par Mlle Gaussin. Elle y a été peu applaudie ; en revanche, elle l’a été beaucoup dans les Folies amoureuses.
L’Amour, ennemi du sommeil,
À ma tendre bergère
Me fait dès le matin préparer un bouquet.
Avec plaisir elle prend mon œillet,
Bientôt après elle me satisfait,
Mais c’est le cœur qui le fait faire.
Pour ne pas manquer de retour
La belle me donne à son tour
Pour ma brebis plus chère
Un ruban que sa main m’offre, toujours charmant.
Moi, dans mes vers, je peins le sentiment,
Le désir vient, nous faisons autrement,
Mais c’est le cœur qui le fait faire.
Nous bravons les vaines grandeurs,
L’univers est dans nos deux cœurs.
De notre amour sincère
Nous goûtons les transports, nous aimons les soupirs.
Sans souhaiter, les grands ont les plaisirs ;
Mais nous avons la douceur des désirs ;
Puis c’est le cœur qui le fait faire.
Que n’ai-je le pouvoir d’un roi !
Je ne le voudrais que pour toi,
Disais-je à ma Glycère.