du comte et de la comtesse qui, en considération de ce mariage, lui faisaient des dons considérables.
Les choses étaient dans cet état lorsque la scène change tout à coup. La nourrice d’Adélaïde, pressée par ses remords, fait déclarer au comte de Saint-Eugène qu’il est père d’Angélique, et qu’Adélaïde qu’elle a supposée à la place d’Angélique, pour les raisons qu’on lui expose, est la fille de la Soclet. Quel changement pour le comte et la comtesse de Saint-Eugène, pour Adélaïde, Angélique, le marquis d’Anglure et Cromstad ! Mais le marquis d’Anglure qui, dans son établissement, ne cherchait que celui de sa personne, épouse Mlle de Saint-Eugène, et Cromstad s’unit avec la nouvelle Angélique, l’objet de ses tendres vœux.
Cet ouvrage est écrit faiblement, mais naturellement. J’y ai trouvé assez de philosophie et beaucoup d’intérêt. Il n’y a pas ce qui s’appelle un trait d’esprit, une expression ingénieuse ; il y a mieux que cela, il y a du sentiment. J’ai été blessé du caractère qu’on donne au marquis d’Anglure. L’auteur en fait un petit-maître hypocrite, et cependant un honnête homme ; on a bien de la peine à concilier tout cela. Le chevalier de Mouhy a fait imprimer cet ouvrage, il avoue qu’il n’en est pas l’auteur, et on ne l’en a pas soupçonné. Il se répand que c’est l’ouvrage d’un homme en place ; je ne sais ce qui en est.
LXXVI
L’ouverture de notre Salon de peinture et de sculpture, qui doit se faire le 25 de ce mois, me détermine à avoir l’honneur de vous entretenir des artistes dont nous y verrons les ouvrages. J’en parlerai sans partialité et sans flatterie.
Carle Van Loo passe pour notre meilleur peintre. Il a été longtemps à Rome, et sa manière tient beaucoup de celle des bons peintres italiens, surtout des modernes ; il compose bien et dessine encore mieux. Sa couleur est fraîche et suave, son pinceau coulant et quelquefois un peu coulé. Point d’expres-