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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 1.djvu/492

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NOUVELLES LITTÉRAIRES

est de Roger, est froide et ridicule ; celle de Linus, qui est du marquis de Brassac, n’est que plate ; celle d’Ismine, qui est de Rebel et Francœur, est assez agréable ; mais elle est commune et pleine de souvenirs. Almasis et Ismène, qui avaient été faits pour les petits appartements, viennent d’être donnés à Paris pour la première fois ; Linus est ancien, mais on l’a assez rajeuni. Ce spectacle n’a point du tout réussi.

Il se répand une petite épître de l’abbé de Lattaignant à l’abbé de La Porte ; elle n’est ni légère ni ingénieuse. Mais elle est facile. On vient d’imprimer un Éloge de Petit[1], le plus célèbre de nos chirurgiens. Il est tourné d’une manière commune. Le jeune chirurgien qui l’a fait, appelé Louis, est pourtant un homme de grande espérance, et, si je ne me trompe, ce sera un jour un grand homme.


LXXVIII

21 septembre 1750.

Daullé, notre meilleur graveur en portraits, vient de graver si parfaitement un tableau de Boucher que je crois que l’idée vous en sera agréable.

La scène de ce tableau est des plus gracieuses ; elle représente une mer doucement agitée ; c’est le moment qui suit la naissance de Vénus et celui de son triomphe. Cette déesse apparaît sur un flot plus élevé que les autres, dans l’attitude d’une femme à demi couchée dans un bain et qu’on verrait par le dos. Elle a la tête tournée vers l’épaule gauche, et caresse un pigeon qu’elle tient à la main ; trois naïades, agréablement groupées, la regardent avec admiration et lui présentent dans une grande coquille du corail et des perles. Derrière la déesse, on voit deux petits amours groupés ensemble ; celui qui est le plus près d’elle tient un pigeon. Sur le devant du tableau, dans la partie droite, deux grands tritons groupés avec un dauphin tiennent des

  1. Éloge funèbre de M. Petit. Paris, 1750, in-4. Reproduit en tête du Traité des maladies des os de Petit, dont Louis donna une édition en 1758.