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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 1.djvu/502

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NOUVELLES LITTÉRAIRES

— Les comédiens italiens ont donné, le 22 de septembre, la première représentation des Fausses Inconstances, petite comédie en un acte et en prose de M. de Moissy, auteur du Provincial à Paris.

L’intrigue est fondée sur un double travestissement, pivot un peu trop usé qui lui donne un grand air de ressemblance avec plusieurs autres pièces, et singulièrement avec la Fête d’Auteuil. Clorinde, amoureuse d’Éraste, se déguise en cavalier pour le suivre et l’épier dans une campagne, où elle rend des soins à Clarisse qu’elle croit sa rivale. Elle est accompagnée d’une nouvelle femme de chambre qui s’est aussi travestie en homme. Ce dernier déguisement donne occasion à deux méprises qui font tout le jeu et tout le plaisant de la pièce. Cette suivante est mariée avec Arlequin, qui l’a quittée depuis deux ans et qui la reconnaît dans cette campagne où il a suivi

Éraste, son maître. Comme il prend Clorinde pour un jeune homme, il croit sa femme infidèle, et, la rencontrant à l’écart en tête-à-tête, il lui témoigne sa rancune en mari des plus roturiers et vient après s’en applaudir en plein théâtre en disant qu’il brûle d’en faire autant au freluquet qui le déshonore. Ce faux cavalier, qui l’entend, le saisit au collet et, tirant l’épée, le menace de le tuer. Arlequin, effrayé, implore la bonté de sa femme, qui survient ; mais Clorinde ne lui accorde la vie qu’à la condition que sa soubrette lui rendra tous les coups qu’elle a reçus. Arlequin lui-même l’en prie, et lui présente sa batte. Elle feint de la prendre malgré elle, et le bâtonne par obéissance. Éraste, de son côté, abusé par le travestissement de la suivante, la croit son rival, et joue par dépit l’amant près de Clarisse, ce qui donne lieu à une double jalousie entre lui et Clorinde. Un éclaircissement qu’il a avec elle le détrompe et lui apprend que le faux rival est une femme de chambre ; il se justifie aux yeux de sa maîtresse. L’hymen est le sceau de leur raccommodement, et son valet Arlequin renoue avec sa moitié.

Cette pièce, qui réussit assez bien et dans laquelle il y a quelques scènes véritablement comiques, est suivie d’un divertissement qui ne la dépare pas. Il est d’autant plus agréable qu’il est très-court. M. Balletti, revenu d’Italie, y danse avec la demoiselle Camille un pas où il déploie beaucoup de force, de grâce et de légèreté.