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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 15.djvu/146

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ment conçue. Les Italiens ne sont point à cet égard aussi difficiles que nous qui voulons toujours de la conduite et de la raison, même dans nos poëmes chantés ; ils ne voient dans ces compositions que l’art par lequel elles sont faites ; et pourvu qu’ils trouvent dans un drame des situations qui servent officieusement la musique, ils s’embarrassent fort peu de la vraisemblance des moyens à l’aide desquels on les amène. On peut reprocher à M. Moline d’avoir rendu tous les défauts du poëme plus sensibles par la manière dont il a cherché à en élever le ton et le genre ; il a donné pour ainsi dire un caractère de dignité aux rôles de Théodore et d’Achmet, et l’expression grave des paroles qu’il met dans leur bouche contrarie souvent la musique vive, piquante et comique de ces rôles dans l’original : rien n’est peut-être plus insignifiant que le contraste d’une musique bouffe avec des paroles sérieuses. On ne peut douter que cette maladresse du poëte n’ait infiniment nui à l’effet d’une des plus ingénieuses compositions du célèbre Paësiello sur l’auguste théâtre de notre Académie royale de musique.


BILLET

ENVOYÉ À M. L’ABBÉ DELILLE,
POUR LUI OFFRIR UN APPARTEMENT AU PALAIS-ROYAL,
PAR M. ARTAUD.

PourVous avez fait tout le butin
PourQu’on peut faire au pays latin,
PourEn volant Horace et Virgile ;
PourMêlant l’agréable à l’utile,
PourVenez jouir dans ce palais
PourDe votre brillante richesse :
PourC’est pour la grâce enchanteresse
PourQue nos beaux portiques sont faits.
PourNous sommes dans le voisinage
PourDe mille Grâces et des neuf Sœurs ;
PourVous avez le rare avantage
PourDe choisir entre leurs faveurs.
PourTout homme fou, tout homme sage
Pour être heureux ici n’a rien qu’à le vouloir.
PoEnfin je crois que notre aimable Horace
Aurait été charmé de rencontrer le soir
PourAmathonte au bas du Parnasse.