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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 15.djvu/175

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la retenue, car peut-être aurait-il des raisons qui détruiraient ou affaibliraient beaucoup l’observation.

La Reconnaissance d’Oreste et d’Iphigénie dans la Tauride, par M. Regnault. (Pour le roi.)

L’ordonnance de ce tableau est assez noble, mais il manque d’effet ; les personnages ont tous une expression équivoque, ils sentent d’ailleurs la pose académique. La figure d’Oreste est admirablement bien dessinée et d’une belle couleur, la tête a un beau caractère et les extrémités sont rendues avec soin ; mais ce n’est qu’une belle réminiscence de l’Apollon du Belvédère. Cette Iphigénie est trop longue et semble perdue dans ses draperies ; la tête d’ailleurs est froide et d’un petit caractère. On a blâmé l’artiste d’avoir mis Iphigénie toute en blanc ; plusieurs personnes en effet l’ont prise, au premier abord, pour une ombre, et il faut convenir que l’extrême longueur de la figure, la pâleur du visage et trop de transparence dans les ombres de cette vaste draperie sont très-propres à justifier une méprise si ridicule. Ces défauts ne doivent point faire oublier cependant le mérite très-distingué de ce jeune artiste. Quoique la figure d’Oreste ne soit pas tout ce qu’elle devrait être dans l’ensemble du tableau, c’est un superbe modèle, et qui prouve l’excellent goût de dessin de l’auteur et les progrès qu’a faits son pinceau quant à la beauté du coloris.

Virgile lisant l’Énéide à Auguste et à Octavie, par M. Taillasson. (À M. Dufresnoy.)

Composition raisonnable, mais sujet peu propre à faire de l’effet en peinture. La figure d’Octavie n’est pas dépourvue d’expression ; celle de Virgile est froide, longue et raide. Il y a dans le dessin de M. Taillasson plus de correction que de souplesse et de facilité. L’ensemble de ses tableaux manque toujours du sentiment propre à la situation.

Les Paysages de M. César Van Loo n’ont jamais été plus mal accueillis qu’ils ne l’ont été cette année, et ce n’est pas sans de bonnes raisons. Sa manière est sèche, aride ; ses plans disposés au hasard, sans clarté, sans précision, sans vérité de nature ni dans la forme des arbres, ni dans les feuilles, et sa couleur factice.

Le Courage des femmes de Sparte, par M. Le Barbier l’aîné. (Pour le roi.)