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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 15.djvu/187

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aisé de l’imaginer, que le roi doit prononcer sur leur état par une loi expresse.

Dans le second chapitre, il présente le projet de cette loi, et en trouve presque toutes les dispositions dans les arrêts rendus sous Louis XIV. Ce qu’il se permet d’y ajouter ne tend qu’à rendre plus efficaces les mesures prises par Louis XIV, et avant lui par Louis XIII, pour que les protestants ne soient plus une nation en quelque sorte étrangère au milieu du royaume ; ce qu’il s’est permis de retrancher n’est que relatif aux espérances que l’on avait conçues d’une conversion générale et prochaine, dans le temps de la révocation de l’édit de Nantes, espérances dont on a été désabusé, même avant la fin du règne de Louis XIV.

Nous avouerons franchement que le bill de tolérance adopté par l’État de Virginie est à nos yeux une loi beaucoup plus simple et par là même beaucoup plus parfaite ; mais peut-être sommes-nous trop vicieux en France pour oser essayer tout à coup d’un pareil régime ; le vœu de M. de Malesherbes s’est arrêté sans doute au point où doivent se borner nos espérances.

Discours à lire au Conseil, en présence du roi, par un ministre patriote, sur le projet d’accorder aux protestants l’état civil en France. En deux parties. Deux brochures in-12 de plus de 200 pages chacune.

C’est le titre de l’ouvrage qu’on appelle le Mémoire de Mme la maréchale de Noailles, parce que c’est elle qui l’a distribué, parce que c’est elle qui a été le porter elle-même de porte en porte, chez tous les pairs, chez tous les conseillers au Parlement, avec le billet circulaire que voici : « Mme la maréchale de Noailles est venue pour avoir l’honneur de vous voir, et pour vous engager à défendre la religion et l’État, dont les intérêts vous sont confiés. » Ce discours, qu’on a attribué tour à tour à l’abbé Beauregard, à l’abbé Lenfant, à l’abbé Émeri[1], est écrit avec beaucoup d’adresse et de chaleur, et l’on n’a pas été peu surpris de trouver encore dans le parti du fana-

  1. L’ex-jésuite Feller et l’abbé Proyart l’attribuent formellement à l’ex-jésuite Bonnaud, massacré aux Carmes le 2 septembre 1792. Cet écrivain avait été grand-vicaire du diocèse de Lyon sous M. de Marbœuf, et il avait eu toute la confiance de cet archevêque. On peut croire cependant que les jésuites Beauregard et Lenfant ont fourni à l’auteur quelques morceaux. Quant à l’abbé Emeri, la véhémence de cette philippique chrétienne est trop opposée à son caractère connu pour croire qu’il y ait eu quelque part. (B.)