Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 7.djvu/101

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de Voisenon sur les fêtes qu’on s’est empressé à lui donner durant tout le temps de son séjour, quoiqu’il ait dit qu’on lui avait procuré tous les plaisirs, hors celui qu’il aimait le plus, le plaisir de la conversation.

Parmi ces fêtes, il faut compter celle que MM. les premiers gentilshommes de la chambre du roi lui ont donnée sur le théâtre des Menus-Plaisirs de Sa Majesté. On y a joué après souper la Partie de chasse de Henri IV, par M. Collé, suivie d’un petit opéra-comique. Comme il n’a pas été permis de jouer cette pièce à la Comédie-Française, cette représentation a été en quelque sorte unique. Le prince a cependant revu la même pièce à Villers-Cotterets, jouée par M. le duc d’Orléans et par des personnes de sa cour. Mais la fête qui a été plus agréable à ce prince que toutes les autres, c’est celle que Mme la duchesse de Villeroy lui a donnée. Mlle Clairon y a joué le rôle d’Ariane, et j’ai été témoin de l’impression qu’elle a faite au prince ; il convenait que c’était un des plus grands plaisirs qu’il ait éprouvés dans-sa vie. Il paraît que le succès de cette représentation nous en procurera d’autres, et qu’elles deviendront même périodiques à l’hôtel de Villeroy. Mme la duchesse de Villeroy a une grande tendresse pour Mlle Clairon, et cette célèbre actrice ayant renoncé au théâtre depuis l’aventure du Siége de Calais, et ayant confirmé irrévocablement sa résolution, ne sera pas fâchée de jouer de temps en temps sur un théâtre particulier. Il est vrai qu’elle y sera mal secondée, la troupe n’étant composée que de jeunes gens qui se destinent au théâtre, et dont les trois quarts sont sans talent et l’autre quart sans usage ; mais enfin il faut bien soutenir la gageure et, en quittant un métier qu’on aime avec passion, tâcher de ne pas mourir de regret de l’avoir quitté.

— Après les honneurs rendus à la mémoire de feu M. le Dauphin sont venus les honneurs funèbres de Stanislas, roi de Pologne, duc de Lorraine et de Bar. M. de Boisgelin de Cucé, évêque de Lavaur, a été chargé de prononcer l’oraison funèbre de ce prince au service qu’on lui a fait dans l’église métropolitaine de Paris. Cette oraison funèbre vient d’être imprimée. C’est sans contredit la meilleure de toute la récolte que nous avons eue cette année, et qui a été fort abondante. Si ce morceau ne va pas à la postérité, à côté des oraisons funèbres de