Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 7.djvu/106

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l’Italie, représentés et gravés en taille-douce et expliqués suivant les observations faites sur les lieux par des professeurs et amateurs de la belle antiquité actuellement à Rome. Dédié à MM. Robert et Jacques Adam, architectes écossais. Proposé par souscription. Le prospectus nous annonce un ouvrage magnifique, et le projet est assurément très‑beau et susceptible d’une exécution superbe. Il doit paraître dans le courant d’une année quatre journaux de vingt feuilles d’impression au moins, sans compter les planches, et le prix de ces quatre journaux sera pour les souscripteurs de deux louis dont ils payeront la moitié d’avance. Les Ruines de Palmyre et les Monuments de la Grèce peuvent servir de modèle aux auteurs du Journal de Rome, et leur montrer ce que le public attend d’eux.

— On nous a envoyé de Suisse une Histoire des révolutions de la haute Allemagne, contenant les ligues et les guerres de la Suisse. Avec une notice sur les lois, les mœurs et les différentes formes du gouvernement de chacun des États compris dans le corps helvétique. Deux volumes in-12 qui seront sans doute suivis de quelques autres. On m’a assuré que cette histoire est de M.  Philibert ; mais je ne connais pas M.  Philibert. Il peut avoir le mérite de l’exactitude ; mais il n’a pas les autres talents d’un historien. Son style surtout est embarrassé et louche, et il dit toujours avec effort ce qu’il dit. Pour être historien de la Suisse, il faudrait un écrivain plein de sens et de nerf, d’une grande simplicité, et de cette espèce de naïveté qui. s’allie si bien avec la véritable élévation. Si Jean-Jacques Rousseau n’était pas si fou, s’il n’avait pas mis tous ses talents et sa gloire à soutenir des paradoxes et à pousser tout à l’extrême, s’il avait pu allier la sagesse à ses autres qualités d’écrivain, il aurait été l’homme propice à cette entreprise, et une histoire de la Suisse serait devenue sous sa plume un morceau digne d’être placé entre Tacite et Plutarque.

Mlle  de Saint-Vast, que je n’ai pas l’honneur de connaître, vient de donner l’Esprit de Sully en un très-petit volume qui n’a pas deux cents pages. On y trouve encore le portrait de Henri IV, les lettres de ce bon roi à ce grand ministre et leurs conversations. Ces conversations me paraissent du ton et de la force de Mlle  de Saint-Vast, qui aurait dû laisser le soin d’abréger les Mémoires de Sully à une plume plus habile.