Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 7.djvu/186

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cette oraison funèbre vient d’être imprimée[1]. Vous savez que, dans ces occasions comme en beaucoup d’autres, la chaire, qu’on dit consacrée à la vérité, est la chaire du mensonge et des mauvais lieux communs. Il faut espérer que ce morceau d’éloquence de M.  Mathias Poncet fera la clôture du théâtre lugubre de Notre-Dame de Paris, qui a donné tant de représentations cette année, et que cette clôture durera longtemps, malgré les mauvaises nouvelles qui se répandent dans le public sur la santé de Mme la Dauphine.

Le Lord impromptu, nouvelle romanesque, ou la Magie blanche, ou la Surprenante aventure de Richard Oberthon, en deux petites parties. C’est un autre roman nouveau qu’on lit avec l’intérêt et le plaisir qu’excite un conte de revenant. Le problème de ce roman était de faire arriver à un jeune homme honnête, simple, intéressant, les aventures en apparence les plus merveilleuses et les plus variées, et de les expliquer tout à la fois d’une manière simple et naturelle. L’auteur ne se tire pas mal de ce problème. Il a de l’imagination et de l’invention. Je voudrais qu’il eût plus de coloris et une tournure un peu plus philosophique : car quand on a lu tout son roman, il n’en résulte rien, sinon qu’on s’est amusé, ce qui est bien quelque chose. L’auteur prétend l’avoir traduit de l’anglais ; mais je le crois français et original. On dit que cet auteur est un certain M. Cazotte, qui a été intéressé dans le fameux procès des Lioncy contre les jésuites. Ce M.  Cazotte publia, il y a quelques années, un poëme épi-comique en prose intitulé Olivier, qui eut quelque succès. Au reste, si vous vous rappelez l’histoire de Sara Th…, que M.  de Saint-Lambert fit insérer l’année dernière dans la Gazette littéraire, vous lui conseillerez de lire le Lord impromptu, et d’y voir comment il faut s’y prendre quand on veut rendre un laquais aimable, intéressant, charmant aux yeux de sa maîtresse et par conséquent du lecteur : car, en fait d’ouvrages d’imagination, il n’y a rien de fait quand celui-ci n’est pas forcé de prendre le sentiment que l’auteur veut faire naître.

Euménie et Gondamir, histoire française du temps où commença la monarchie. Volume in-12 de cent soixante-dix pages[2].

  1. 1776, in-4o.
  2. Par G. Mailhol.