Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 7.djvu/22

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faire son procès pour avoir fabriqué cette lettre. La Providence, qui s’appelle ainsi parce qu’elle prévoit les choses de loin, l’en a puni d’avance en l’affligeant de la goutte la mieux conditionnée qu’il y ait en Angleterre, après celle de M.  Guillaume Pitt. !

— Pour compléter l’histoire de Jean-Jacques sur le continent, il faut savoir que la vénérable classe des pasteurs de Neufchâtel, très-mécontente de ce que le conseil souverain de cette principauté n’a pas voulu seconder ses projets de lapidation concernant ledit Jean-Jacques, a porté plainte au roi de Prusse des atteintes données par ledit conseil souverain aux droits bien reconnus de ladite vénérable classe. Sur quoi Sa Majesté a bien voulu répondre ce qui suit :

« Le roi, sur le très-humble mémoire de la compagnie des pasteurs de la souveraineté de Neufchâtel et de Valengin, concernant les prétendues atteintes que le conseil aurait données depuis quelque temps aux droits dont elle, ainsi que ses membres, devaient jouir, ordonne d’y répondre que Sa Majesté, bien loin d’acquiescer à la très-humble demande de ladite compagnie à ce sujet, ne pouvait s’empêcher d’être très‑mal satisfaite des procédés inquiets, turbulents et tendant à sédition, que lesdits pasteurs avaient tenus relativement à un homme que Sa Majesté daignait honorer de sa protection. Fait à Potsdam, ce 26 février 1766. »

Et a, Sa dite Majesté, daigné ajouter de sa propre main :

« Vous ne méritez pas qu’on vous protège, à moins que vous ne mettiez autant de douceur évangélique dans votre conduite qu’il y règne à présent d’esprit de vertige, d’inquiétude, et de sédition. Signé : Frédéric. »

La louable imprimerie de la vénérable paroisse de Ferney a cru de son devoir de répandre, autant qu’il dépendait d’elle, cette double réponse, en y ajoutant l’avertissement suivant :

« Ces deux pièces essentielles étant tombées entre nos mains, nous les rendons publiques, afin qu’elles servent à jamais d’exemple à tous les princes, d’instruction à tous les magistrats de l’Europe, et de sauvegarde à tous les citoyens. Fait dans notre résidence, le 20 mars 1766. »

— On vient de nous envoyer d’Allemagne un exemplaire d’un volume in-12 intitulé Abrégé de l’Histoire ecclésiastique