Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 7.djvu/235

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aujourd’hui princesse de Beauvau. Dans cette pièce, on trouve ces deux vers :

Et hors votre amour pour Titon,
On n’a nul reproche à vous faire.


Le poëte parlait de l’opéra de Titon et l’Aurore, de Mondonville, qu’on jouait alors, et dont le succès était devenu une affaire de parti contre les partisans de la musique italienne. M. Mathon, pour éclaircir ce passage difficile, met en note au mot Titon : Petit chien. Ses observations de goût sont ordinairement aussi heureuses que ses remarques d’érudition. Il a ajouté à la fin de son Almanach une petite notice raisonnée de tous les ouvrages de poésie qui ont paru en 1766. Cette notice ne se trouvait pas dans les deux volumes précédents[1]. Je lui demande, pour l’année prochaine, un meilleur choix, et point de notes.

— On a aussi publié un Almanach philosophique, à l’usage de la nation des philosophes, du peuple des sots, du petit nombre des savants, et du vulgaire des curieux, par un auteur très-philosophe[2]. Si l’auteur fait usage de son Almanach, il peut se ranger, en sûreté de conscience, dans la seconde de ces quatre classes. Son Almanach est une plate et mauvaise rapsodie dont il est impossible de lire une ligne.

— Tout est aujourd’hui philosophe, philosophique et philosophie en France. Ainsi c’est le moment de faire un Discours sur la philosophie de la Nation. Celui qui sort de la boutique de M.  Merlin est fait par le philosophe le plus sot et le plus borné qu’il y ait en ce royaume, où l’on remarque que la sottise prospère infiniment depuis quelques années.

— Vous lirez avec plaisir le Dialogue d’un curé de campagne avec son marguillier, au sujet de l’édit du roi qui permet l’exportation des grains, par M.  Gérardin, curé de Rouvre en Lorraine. Ce bonhomme de curé, âgé de plus de soixante‑dix ans, voyant la frayeur que le commerce des grains causait dans son canton, s’est avisé d’écrire ce Dialogue pour guérir

  1. C’est une erreur de Grimm. L’Almanach des muses de 1764 et celui de 1765 sont terminés par une notice semblable. (T.)
  2. L’Almanach philosophique (Goa, 1767, in-12) est de Jean-Louis Castilhon, un des auteurs du Journal encyclopédique. (B.)