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CORRESPONDANCE LITTÉRAIRE.

Et la police, justement alarmée des suites dangereuses qui pourraient résulter de cette surprise, et jalouse de maintenir les élus en leur légitime possession et droit exclusif aux places du paradis, s’est d’abord fait rendre compte par quel accident des gens sans aveu ont pu usurper des logements dont l’Église les à déclarés inhabiles a tout jamais. Et par les recherches faites à ce sujet, il a apparu que le censeur royal Bret, nommé par la police pour veiller sur la conduite et les propos dudit Bélisaire, a cru que le radotage d’un vieux soldat devenu capucin était sans conséquence, et que son faible pour lesdits méchants empereurs mentionnés au procès, ensemble leur promotion de la cinquième chaudière à la première place vacante en paradis, promotion non ratifiée par la Sorbonne, n’aurait aucune influence réelle sur leur sort, ne diminuerait pas d’une goutte d’huile bouillante de leur chaudière, et ne pourrait par conséquent causer aucun scandale aux âmes pieuses ni aucun regret aux âmes charitables. Conformement à ces idées, ledit censeur Bret a cru temporairement pouvoir donner approbation et privilège audit Petit Carême du R. P. Bélisaire, capucin aveugle. Pour ce méfait et autre résultant du procès, ledit Bret, atteint et convaincu d’avoir sciemment laissé Marc-Aurèle et Trajan en paradis, sans leur porter aucun empêchement, a été privé de sa place de censeur royal et rayé de dessus la liste d’iceux, pour l’exemple de tous et un chacun qui voudraient affecter ou risquer d’avoir le sens commun en ce qui concerne l’exercice de leurs fonctions. Et l’abbé Genest, docteur de Sorbonne et censeur royal pour la science absurde, ayant été pareillement mais sommairement consulté sur l’orthodoxie de ce quinzième chapitre, et ayant dit verbalement qu’il croyait qu’on pouvait le laisser publier, mais n’ayant donné son avis par écrit, la police a déclare n’avoir point d’action contre ledit Genest, laissant à la sagesse de la Sorbonne de statuer sur ledit confrère Genest ce que de droit.

Et quant au R. P. Bélisaire, lequel, après l’information dûment faite de ses vie et mœurs, ensemble ses principes et doctrine contenus dans les quatorze premiers sermons de son Petit Carême, avait obtenu la survivance de la première place vacante en l’hôpital royal des Quinze-Vingts, a été dit que ledit Père Bélisaire, pour scandale donné par son quinzième sermon,