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MAI 1767.

général, en présence de ce ministre et de vingt autres témoins. Il a donc fallu détruire cette calomnie d’une manière authentique. On en a rendu compte à M. le contrôleur général, qui en à instruit le roi. Ce qui n’empêche pas que celui qui a osé la débiter en pleine table ne jouisse de l’impunité et même de l’avantage de ne pas être connu.



MAI

1er mai 1767.

J’ignore le nom de ce bon Israélite qui, touché des maux de l’humanité s’est généreusement saigné, comme on dit, et a proposé un prix à gagner par trois différents orateurs qui, au jugement de trois différentes académies, auraient fait le plus beau recueil de phrases sur les malheurs de la guerre et sur les avantages de la paix. Les trois tribunaux désignés par le bon Israélite étaient l’Académie française, la Société typographique de Berne, et une autre société littéraire de Hollande. La médaille d’or a remporter était de la valeur de six cents livres, si je ne me trompe ; et l’Académie française, ayant affaire à une nation plus vive, s’est trouvée en état, au mois de Janvier dernier, de se décider entre les différents concurrents, et d’adjuger le prix qui était à sa disposition à un discours de M. de La Harpe. La décision des deux autres academiés étrangères n’est pas parvenue à ma connaissance ; ainsi je ne puis vous dire quelles sont les deux autres colonnes qui, de concert avec M. de La Harpe, soutiendront l’édifice de la paix perpétuelle en Europe, dont l’idée a été naguère conçue par un bonhomme appelé l’abbé de Saint-Pierre, et ébauchée depuis par Jean-Jacques Rousseau, un des plus fameux maîtres maçons et metteurs en œuvre de notre temps.

M. Gaillard, de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, et qui aime à concourir pour les prix qui sont à la disposition de l’Académie française, n’a pas voulu manquer une si belle occasion de signaler son amour pour la paix. Il a un droit incon-