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JUIN 1767.


XIII.



Nous nousRien pour l’auteur de la musique,
Nous nousPour l’auteur du poëme, rien.
Nous nousLe poëte et le musicien
Doivent mourir de faim selon l’usage antique.
Jamais le grand talent n’eut droit d’être payé ;
Le frivole obtient tout, l’or, les cordons, la crosse :
Nous nousRameau dut aller à pied,
Nous nousLes directeurs en carrosse.



XIV.



Nous nousEn attendant que pour le chœur
Nous nousOn puisse faire une recrue
De quinze ou vingt beautés qui parleront au cœur
Nous nousEt ne blesseront point la vue,
Nous nousOrdre à ces mannequins de bois
Nous nousTaillés en femme, enduits de plâtre,
De se tenir toujours immobiles et froids
Adossés en statues aux piliers du théâtre[1].



XV.



Nous nousTout rempli du vaste dessein
De perfectionner en France l’harmonie,
Nous nousVoulions au Pontife romain
Nous nousDemander une colonie
De ces chantres flûtés qu’admire l’Ausonie ;
Mais tout notre conseil a jugé qu’un castrat,
Nous nousCar c’est ainsi qu’on les appelle,
Nous nousÉtait honnête à la chapelle
Nous nousMais indécent à l’Opéra.



XVI.



Nous nousPour toute jeune débutante
Nous nousQui veut entrer dans les ballets,
Quatre examens au moins, c’est la forme constante :
Nous nousPrimo le duc qui la présente,
Y compris l’intendant et les premiers valets :
Ceux-ci près de la nymphe ont droit de préséance ;
Nous nousSecundo, nous, les directeurs ;
Nous nousTertio, son maître de danse ;
Nous nousQuarto, pas plus de trois acteurs.

  1. Ne pourrait-on pas obtenir à M. de Vaucanson qu’il fit une vingtaine de chanteuses en chœur ? Ce serait une dépense une fois faite.