À défaut d’examens, certificats de mœurs
Conçus en termes très-flatteurs,
Termes de billets doux et de lettres de change.
Mais comme ces certificats
Pourraient par un hasard étrange
Offrir un bizarre mélange
Et de fortunes et d’états,
Sur ces mystères délicats
Promettons de garder le plus profond silence,
À moins que les fréquents débats
Des milords d’Angleterre et des marquis de France,
Et des danseurs et des prélats,
Ne nous forcent d’ouvrir, quoique avec répugnance,
Ces archives de nos États ;
Afin de mettre en évidence
Qu’a dater du premier de tous les opéras
Nos heroïnes de la danse
Ont toujours eu le droit d’user de leurs appas,
Et d’oublier des rangs la frivole distance.
Que celles qu’entretient un fermier général
N’insultent pas dans leur ivresse
Celles qui n’ont qu’un duc : l’orgueil sied toujours mal
Et la modestie intéresse ;
Que celles qu’un évêque ou qu’un saint cardinal
Visite sur la brune au sortir de l’office
N’aillent point imprudemment
Prononcer dans la coulisse
Le beau nom de leur amant.
Voulons qu’au moins on s’instruise
À parler très-décemment,
Et surtout enjoignons qu’on respecte l’Église.
Le nombre des amants limité désormais :
Defense d’en avoir jamais
Plus de quatre à la fois ; qu’ils suffisent pour une ;
Que la reconnaissance égale les bienfaits,
Que l’amour dure autant que la fortune[1].
- ↑ D’après la convention reçue que les filles ont le droit de ruiner leurs amants, la nation les invite à préférer les financiers.