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CORRESPONDANCE LITTÉRAIRE.

tres ouvrages moins connus, vient de publier une Histoire de l’ordre du Saint-Esprit, en deux petites parties in-12, qui seront sans doute suivies de quelques autres. L’auteur prend le titre d’historiographe des ordres du roi ; c’est apparemment une place qu’on a créée pour lui. L’histoire de l’ordre du Saint-Esprit, ainsi que celle de tous les ordres d’honneur et de décoration, est fort courte ; quand on a parlé de son institution, de ses statuts et de ses cérémonies, tout est dit. Aussi M. de Saint-Foix expédie tout cela dans la première partie. La seconde contient les principaux traits de la vie des chevaliers de la première promotion faite par Henri III. Les parties qui suivront serviront sans doute a parcourir la vie de tous les chevaliers qui ont été successivement décorés de cet ordre. L’auteur ne se propose point de donner un précis de leur vie, il se borne à en rapporter les traits les plus remarquables ; et il faut convenir que son choix est presque toujours bien fait. On lit cet ouvrage avec beaucoup de plaisir ; il est écrit d’une manière naturelle, concise et intéressante. Son plan plus étendu aurait pu former cette École militaire dont M. l’abbé Raynal n’a rempli l’idée que très-imparfaitement. J’avoue que je préfère de telles lectures à tous les Bélisaires du monde, et voilà le cours de morale que je voudrais mettre entre les mains de la jeunesse.

L’auteur, en parlant de la loi salique, tombe dans une erreur qu’il faut relever ici. Il prétend que ce qui distingue supérieurement nos princes du sang de France, c’est que la couronne leur appartient solidairement, leur droit à cet égard étant transmis, répandu, certain dans toute la famille ; au lieu qu’il n’en est pas ainsi dans les pays qui ne connaissent pas la loi salique, et que le droit à la couronne est incertain dans les familles royales ou les filles peuvent hériter du trône. M. de Saint-Foix ne sait ce qu’il dit. Il aurait du savoir que dans les pays ou les femmes ne sont point exclues du trône, elles ne succèdent cependant qu’au défaut de mâle, et que si, à la mort de l’empereur Charles VI, il avait existé une branche cadette et apanagée de la maison d’Autriche, le rejeton mâle de cette branche aurait indubitablement recueilli la succession, à l’exclusion de la fille de Charles VI. Cette loi de la succession des femmes n’a qu’un inconvénient, c’est qu’il faudrait que de droit, au défaut de mâles, la succession appartint toujours à la